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Le Sphinx
Construction : 1903
Architecte : Jules Mesnard (1853- 1907)
Base Mérimée - N° IA62000521
Accès : 24 avenue Calain
Le style "Retour d'Egypte", unique à Wimereux ! Cette appellation « Retour d’Egypte » désigne la mode qui a suivi l’expédition de Bonaparte en Egypte (1798-1801). L’engouement pour l’Egypte, déjà très présent après l’expédition de Napoléon Bonaparte, se prolonge grâce aux découvertes de Jean-François Champollion (1790-1832) et celles d’Auguste Mariette né à Boulogne-sur-Mer (1821-1881), et sera une source d’inspiration au 19e siècle.
Emile Sand
Emile-Eugène Sand (1870-1935) dirige l'usine de carrelages et de céramiques de Feignies (Nord), fondée par son père Jacques-Eugène Sand (1833-1917) en 1872.
Eugène Sand a participé à la grande guerre et a été nommé Chevalier de la Légion d’Honneur en 1916.
Il avait épousé Lucy-Hermance-Jeanne Brice (1876-1967) en 1897. Ils auront trois fils. La villa est restée dans la famille.
Photo colorisée : Emile-Eugène Sand vers 1914 (coll. François Mignot)
Usine Sand & cie
A la fin du 19e siècle la demande en céramique est telle que de nombreuses usines voient le jour, principalement dans le Nord de la France, près de Maubeuge.
L’usine de Sand produit, entre autres, des carrelages en grès cérame, un matériau caractérisé par une très grande dureté et une excellente résistance aux agressions chimiques ou climatiques.
1889 Exposition universelle
A l’exposition universelle de Paris, en 1889, la céramique remporte un vif succès, et Sand obtient la médaille d’or, et ce n'est pas la première !
Photo : « Porte de la céramique » à l’exposition universelle de Paris en 1889.
1903 La construction
Emile-Eugène Sand fait construire la villa "Le Sphinx" en 1903.
Il confie sa conception à l'architecte Jules Mesnard (1853- 1907)
Photo : collection de M. Arnaud Destombes
Jules Mesnard
Jules Mesnard, architecte, fils d’architecte, est né à Paris en 1853 et décédé en 1907.
Il construisit à Wimereux une autre villa, sur la digue nord, le Clair de Lune pour Auguste Fradet et Marie Sand.
En 1867 il écrivit « Les Merveilles de l’Exposition universelle de 1867 » qui eut lieu à Paris et introduit son livre par ces mots : « L’Europe est là avec ses procédés sûrs, sa fabrication savante, sa profonde science archéologique et son goût délicat ».
1904
La villa a très peu changé d’aspect depuis sa construction sauf la disparition de quelques décorations égyptiennes comme le sphinx.
Photo : collection de M. Arnaud Destombes
1945
Vers 1943, un percement est effectué à travers la ville de Wimereux, détruisant un grand nombre de villas.
Fossé antichar en prévision d'un débarquement ? Accès rapide entre le GQG et les fortifications de la crèche ? Le sujet n'est pas clos, mais cette percée deviendra l'avenue Foch après la guerre.
On voit au centre sur la photo les ruines de certaines de ces maisons, et au premier plan au centre, le fronton de la villa, qui a perdu son sphinx sur le faîtage.
Photo : collection de M. Arnaud Destombes
La façade
Solidement construite sur un soubassement de pierre, la décoration de cette villa est unique à Wimereux.
La villa a malheureusement perdu quelques décorations de style égyptien pendant la guerre de 40, un sphinx surmontait la façade et un phénix la porte d'entrée. (Voir photo 1904)
Sur la pente du toit à la Mansart, la lucarne meunière (ou engagée), s’inscrit dans le prolongement vertical du mur de la façade, et sa partie inférieure se trouve plus bas que la corniche de la toiture.
Une petite lucarne rampante (ou chien couché) s'ouvre à gauche de le jolie lucarne meunière.
Le fronton
Une frise décrivant une page de la vie quotidienne en Egypte orne la façade en dessous de la corniche sous de petites denticules.
La frise
Des jeunes femmes, parfumées, coiffées, danseuses et musiciennes, font face à un couple assis, visible de l’autre côté du bow-window.
Les cobras
Deux cobras stylisés entourant un cartouche soutiennent l’arc en plein cintre des fenêtres principales.
Le vautour et le cobra sont les symboles de l'unification de l'égypte.
Ces deux déesses furent considérées comme des protectrices et des gardiennes des peuples des deux « contrées ». A travers les temps, le cobra restera en Egypte un symbole puissant de protection royale et divine.
Le cartouche
Le cartouche imite la couleur brune des pierres de Saqqarah. Il est cerné par une frise à godrons finalement assez peu égyptienne.
La typographie en majuscule romaine est stylisée pour s'accorder au sujet de l'Egypte.
Elle préfigure déjà le style typographique de l'art-déco ; géométrique et emprunt d'une sophistication chic.
Fleur de Lotus
La céramique en fleurs de lotus décore la façade et le pignon. Elle est soutenue de part et d’autre par une représentation du dieu Khépri, divinité égyptienne associée au soleil et à la renaissance.
Cette même mosaïque soutenait le cartouche qui contient le nom de la villa, au-dessus de la porte, mais il a disparu.
Elle a aussi été choisie par Hector Guimard, architecte et décorateur français (1867-1942) pour paver le hall d’un immeuble parisien.
Elle provenait de l’entreprise d’Eugène Sand (Source : Le Cercle Guimard).
Guimard est l'un des chefs de file de l'art nouveau et, entre autre, le créateur de l'entrée de métro Porte Dauphine à Paris.
Renaissance Egyptienne
Ces décorations égyptiennes faites de fleurs et de courbes plaisent aux amateurs de l’Art Nouveau. Quelques détails de la façade annoncent déjà l’Art Déco (l’encadrement de la porte d’entrée, les linteaux des soupiraux) et se marient harmonieusement avec les autres décors.
"En 1922, la découverte du tombeau de Toutankhamon et tous ses trésors par Howard Carter, fera naître une obsession pour tout ce qui gravite autour de l’Egypte. On appelle généralement cette période la ‘renaissance égyptienne’ (Egyptian Revival).
Cette renaissance égyptienne des années 20 trouve principalement son expression sous forme de motifs de fleur de lotus, hiéroglyphes, pyramides mais aussi via l’utilisation de la turquoise, de l’or et des pierres semi-précieuses des bijoux à l’architecture."
Près de 20 ans avant cette renaissance, "Le sphinx" de Jules Ménard et Emile Sand avait capté ces influences égyptiennes à venir.
Le Typhonium
Plus au nord, un autre exemple de la Renaissance Egyptienne est visible à Wissant.
La villa "Le Typhonium" est construite en 1890 ou 1891 par l'architecte belge Edmond De Vigne pour les peintres Adrien Demont et Virginie Demont-Breton, parente de l’architecte.
Auguste Mariette
Difficile de finir cette page sans faire référence à Auguste Mariette (1821-1881), le célèbre égyptologue Boulonnais.
Si vous avez le temps, vous pourrez découvrir sa statue sur la pyramide située au Square Auguste Mariette-Pacha, face aux remparts de Boulogne.
Outre de nombreuses découvertes prestigieuses, on lui doit une grande partie des collections du Musée du Louvre, ainsi que la fondation du Musée du Caire en Égypte et la mise en place d’une législation pour la protection du patrimoine égyptien.
Mariette n’oublia cependant pas sa ville natale et fit don d’environ 150 objets au musée municipal.
Le musée de Boulogne sur mer vous accueille chaque jour sauf le mardi :
En haute saison du 1er mai au 30 septembre de 9h30 à 18h00
En basse saison du 1er octobre au 30 avril de 9h30 à 12h30 et de 14h à 17h30.
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