Le Grand Hôtel
Construction : 1891 - 1901 - 1924
Architectes : Jules Triau (1860-1907)
Maurice Walschaerts
Accès : 51 rue des Anglais / digue de mer
Construit à la fin du 19ème siècle, le “Grand Hôtel” fait partie intégrante de l’histoire de Wimereux. Les pieux de la fondation datent de 1893. La haute société britannique y venait pour se détendre, jouer au golf et écouter de la musique.
Des orchestres s’installaient sur la grande terrasse. Un escalier monumental descendait vers la mer. Winston Churchill, le chimiste André Girard, Charles Trenet y ont séjourné. L’hôtel a changé plusieurs fois de nom : «Grand Hôtel de la Manche et des Familles», «Grand Hôtel de la Manche», «Grand Hôtel», «Résidence Côte d’Opale» durant de nombreuses années pour revenir en 2022 à son nom communément donné «Résidence Le Grand Hôtel» .
Transformé en appartements, ce véritable phoenix de Wimereux a eu sa façade complètement rénovée en 2014.
Il l’appelle "Le Grand Hôtel de la Manche et des Familles".
C’est le début de son histoire !
Chambres et tables d'hôte, Consommations de bières, "stout", "pale ale" sont proposées sur les panneaux de part et d'autre du garde corps du RDC..
L'esprit Parisien est visible sur cette carte postale.
Comme de nombreuses constructions à Wimereux fin 1900 (Château Mauricien, Petit Bonheur, ...) , le Grand Hôtel était habillé à l'origine d'un badigeon de chaux qui lui donnait cette belle couleur Ocre typique des bâtiments Haussmanniens.
Outre l'aspect esthétique, cette technique avait l'avantage de laisser respirer les murs, ce qui n'est pas rien en front de mer.
La toiture d'ardoise contrastait d'un beau bleu violine, également typique du style Haussmannien.
Initialement, et comme de nombreuses stations balnéaires (Deauville aujourd'hui), les plages étaient équipées de promenades de planches posées sur le sable. Elles longeaient les cabines.
Entre 1924 et 1930 Wimereux construira sa première digue.
La rue St Armand aboutit sur le côté sud du Grand Hôtel. On y voit cette belle rangée de stores en continuité de l'alignement de belles maisons.
Ils en confient la gérance à François-Xavier Graff en 1908. Né à Thann dans le Haut-Rhin le 2 décembre 1876, il est le fils d’un boulanger-aubergiste.
François-Xavier Graff transportait vaisselle, fourneaux, draps, matelas de Nice à Wimereux suivant les saisons puisque au début du 20e siècle les hôtels de la Côte d’Azur fermaient après le carnaval de Nice !
(Mon Wimereux, Joseph Malahieude, p 16)
Sur cette photo apparait le personnel du Grand hôtel. Dans le fauteuil de droite, qui est cette personne ? Serait-ce François-Xavier Graff lui-même ?
Quel endroit magnifique pour voir et être vu.
le GH14 était également composé du Casino, de l'Hôtel Splendid, d'un campement sur la falaise, du Château Mauricien, et de l'hôpital Rawalpindi rue Carnot.
On voit sur la photo des nurses en train de se détendre entre deux services.
Les dégâts furent très importants. Les pompiers de Wimereux ayant été mobilisés, il n’en restait que deux sur place. Les autos pompes de Boulogne vinrent à la rescousse.
« Le personnel infirmier qui était présent a décidé de sauver le mobilier, et partant d’un bon sentiment, a ouvert les fenêtres et jeté au dehors les chaises, les tables, les lits et même les armoires à glace. J’aime autant vous dire qu’on a ramassé uniquement du bois à brûler ! »
Mon Wimereux, Joseph Malahieude, p. 55
Tout commence en février 1916. Le médecin-major de première classe Carnot observe à Marseille une « épidémie spéciale de pneumococcie » qui « a éclaté chez les travailleurs annamites avec une gravité considérable ».
Le taux de mortalité atteint 50% dans les centres hospitaliers qui accueillent ces appelés vietnamiens souffrant de pneumonie. Mais les médecins français ne s’inquiètent pas, et en pleine guerre, ils ont d’autres soucis en tête.
En 1917, dans un camp militaire du nord de la France, à Étaples-sur-mer, des soldats souffrent d’une forte fièvre dont il apparaîtra plus tard que c'est la « grippe espagnole ».
Entre 1917 et juillet 1921, la grippe Espagnole fera plus de 50 millions de morts.
Il perd son toit Mansart et ses rotondes.
Deux volées d’escaliers, dont une est encore visible aujourd’hui, descendaient directement sur la plage.
En 1924 il put rouvrir ses portes sous la direction de Oscar Degardin. Ancien instituteur, il avait fondé un collège à la Villa Gai Savoir.
Il eut d’abord la gestion de l’hôtel de la Plage avant de gérer le Grand Hôtel.
Mon Wimereux, Joseph Malahieude, p 24
La crise de 1929 passa aussi par Wimereux. Edouard Hector Depreux, industriel à Viesly (Nord), acheta le Grand Hôtel et le transmit à la Boulonnaise immobilière et hôtelière en 1936 tout en en restant l’administrateur unique.
Wimereux était fréquenté par l'état Major Allemand.
La station météo (Voir villa "Les Sépioles"), la batterie Todt et la visite de Erwin Rommel, Joachim von Ribbentrop qui habitait rue St Armand.
Wimereux posté en face de l'Angleterre était un site stratégique et fut transformé en véritable place forte.
On peut voir sur la photo un pan du fameux mur de l'atlantique en cours de construction.
A l'arrière plan, le Grand Hotel
Ici une vue aérienne de Wimereux, on peut y voir le percement de l'avenue Foch et la destruction de très nombreuses villas, notamment rue St Armand, sur le côté droit du bâtiment.
Sur la photo, Charles Trenet en visite à Wimereux dans l'escalier du Grand Hôtel
Le Grand Hôtel ferma définitivement ses portes en 1957.
Il servit alors de Club House au centre nautique de Wimereux.
La commercialisation fut compliquée, le concept étant novateur et les locaux peu adaptés à être partagés !
La menuiserie fut confiée à l’entreprise Vincent et les aménagements intérieurs à l’entreprise Malahieude.
La commercialisation ne démarra réellement qu’après l’aménagement d’un appartement témoin par Madame Edith Euchin.
Même s'il a défié les temps, les guerres et les tempêtes, le Grand Hôtel a gardé une partie des décorations de sa façade.