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La Marmaille
Construction : 1897
Base Mérimée - N° PA62000062
Accès : 24 rue des Anglais
Maison familiale, puis hôtel et pension de famille, elle est maintenant une maison privée. Elle a peu changé d'aspect depuis sa construction et les jolies pierres de sa façade ne viennent pas de très loin. Son premier propriétaire eut une idée géniale pour commercialiser les oeuvres d'art.
Jules Rolez
En 1900 Jules-Emile Rolez, né vers 1872, et son épouse Jeanne Da Gama, brésilienne, décident de faire construire une villa à Wimereux.
Ils ont trois fils et partagent leur vie entre Paris et Londres.
En 1899 Jules Rolez avait racheté une bronzerie d’imitation artistique fondée en 1840. Le zinc étant nettement moins cher que le bronze, il a pu commercialiser à prix modique des copies d'œuvres d’art de toutes sortes, ainsi que des lampes décoratives de formes multiples.
Pour donner au zinc l’apparence du bronze on utilisait la galvanoplastie (électrolyse). Sa société fut une des plus importantes maisons de ce genre à Paris ; elle était établie, rue de Turenne à Paris, et à Londres 3 rue Bucklersbury.
Jules Rolez se spécialisa également dans l’horlogerie, créant des pendules en marbre et en imitation bronze.
En 1895, la Société Jules Rolez Limited avait une importante usine à Rance (Hainaut, Belgique) qui aurait occupé plus de 600 travailleurs dont 350 polisseuses à domicile.
En 1980 deux ateliers de marbrerie existaient encore dans le village et un musée y est ouvert.
La société de Jules Rolez sera mise en liquidation en 1909.
Photos :
1 - Pendule Jules Rolez ltd
2 - Action de la société "Jules Rolez Limited"
3 - Poinçon Jules Rolez
4 - Horlogerie Jules Rolez
Le cartouche
Le cartouche portant le nom de la villa est sur la façade centrale, entre les fenêtres du premier étage, et entouré d’une moulure dont la clé rappelle celle des fenêtres.
On peut voir encore par endroits les traces d'émail noir du damier au style mauresque.
Les premiers propriétaires ont eu trois fils en quatre ans, d'où son nom ?
1900
La villa est toute neuve et Jules Dolez, qui l'a fait construire, y a apporté le plus grand soin.
La pierre vient du petit village de Baincthun proche de Wimereux où elle a été exploitée depuis le Moyen Age.
Aujourd'hui la carrière est désafectée et la végétation l'a recouverte. Beaucoup de maisons à Wimereux sont construites sur des sous-bassements en pierre de Baincthun mais peu d'entre elles présentent une façade totalement recouvertes de ces pierres calcaires.
Les modénatures qui y sont ajoutées lui donnent relief et couleur :
les bandeaux blancs horizontaux de la façade ; les fleurs en céramique.
Les balcons du premier étage permettent une vue vers la mer.
Les épis de faitage des lucarnes et la balustrade à colonnettes du rez-de-chaussée apportent une touche de raffinement, et la saillie centrale de la façade donnent une allure solide à cette villa.
Rue des Anglais
L'enthousiasme des Anglais pour les stations balnéaires françaises était tellement important au début du 20e siècle, qu'ils avaient "leur" rue.
Plusieurs villas de la rue, qu'on voit sur les cartes postales anciennes, existent encore : La Marmaille, Les Cévennes (Week-end), Les Galets, et Le Rouge-Gorge. Le Roitelet et Eole ont disparu.
1904
En 1904 Jules Rolez et son épouse Jeanne se séparèrent, et Jeanne garda la Marmaille et l'agrandit.
Elle la transforma en hôtel. Jacques Chochois, dans "Mémoire en Images, Wimereux, 1999, p 66", écrit que la villa "La Marmaille" avait abrité « une pension de famille confortable, servant de la bonne cuisine bourgeoise et pratiquant des prix modérés ».
A cette époque la villa a déjà perdu ses jolis balcons.
1930
En 1930 La Marmaille est encore une pension de famille dont Mme E.-L. Villers est la propriétaire.
La pension de famille s'étend également sur la bâtisse en arrière-cours avec ses linteaux en anse de panier et ses bandeaux blancs à chaque niveau. Elle est toujours visible depuis l'avenue Foch entre les résidences "Pilatre de Rozier" N°1 et N°2.
La villa a résisté à la première guerre, mais les épis de faîtage, les balcons, ont disparu. La façade n'a pas changé, la balustrade est intacte.
On distingue très bien les panneaux publicitaires attachés à la façade au rez-de-chaussée et la publicité pour le billard japonais.
Billard japonais
Dans cette charmante "pension de famille" on pouvait jouer au "billard japonais".
Le billard japonais est un jeu en bois, souvent intitulé "billard du monde", demandant de la dextérité et de la stratégie.
Ce billard n’est pas japonais, mais d’origine française et date du 19ème siècle. Cette fabrication française tient son origine du jeu de bagatelle.
Au 20ème siècle, durant les années 30, on pouvait retrouver ce jeu dans les fêtes foraines et casinos traditionnels de France.
Photo : Billard japonais au casino d'Arcachon
Aujourd'hui
Aujourd'hui la maison est divisée en appartements.
La guerre de 40-45 y a laissé des traces ; elle a perdu sur la façade principale certaines décorations en céramique ainsi que ses jolis balcons, les bandeaux blancs et la balustrade de la terrasse, mais elle a gardé son allure d'origine, et sur la façade arrière (côté cour), on peut encore admirer son aspect d'origine avec les bandeaux sous les linteaux.
Les linteaux
Les linteaux de la porte et des fenêtres sont en anse de panier en béton et joliment soulignés de briques émaillées noires et blanches, et ceux du premier étage se terminent sur des petites consoles.
La brique, souvent moins coûteuse que la pierre, peut être émaillée, colorée et moulée de manières variées, et servir de décoration.
Les céramiques en fleurs
La façade de la villa a heureusement gardé les fleurs en céramique sous la corniche, dans des cadres en bois, des métopes, entre les corbeaux.
Ces corbeaux sont tous soutenus par des petites consoles en béton qui dépassent d'un bandeau.
Les lucarnes
Le toit en ardoise, à la Mansart, est percé, dans sa partie centrale, de deux lucarnes pyramidales dont les versants sont à coyau, c’est-à-dire dont le toit est légèrement évasé.
Ces lucarnes appelées aussi "à pavillon" sont assez rares. Elles sont souvent couvertes d'ardoises ou de tuiles et surmontées d'un épi de faitage pour en assurer l'étanchéité.
Sur les deux ailes du toit s'ouvrent des lucarnes jacobines (à deux pans).
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