Château de Honvault
Construction : XIIIème Sc
Inscription ISMH : N° IA62000698
Accès : 1 Chemin d'Honvault
Honvault, quand l'histoire locale rencontre la grande histoire de France
Les traces de Honvault remontent au moyen-âge. Château, Manoir, et aujourd’hui ferme de Honvault, c’est un lieu d’histoire presque millénaire.
Le château et les terres qui l’entourent ont comme propriétaires successivement des grandes familles nobles française, de puissants seigneurs irlandais opposés à l’Angleterre et alliés de la France et enfin des riches bourgeois de Boulogne. Il voit passer successivement le roi d’Angleterre Henri VIII, Notre Dame de Boulogne, le Duc de Croÿ , Napoléon Bonaparte, Napoléon III, la reine Victoria, des artistes peintres reconnus et un grand architecte chargé de sa restauration.
Détruit par les bombardements en 1944, il ne reste aujourd’hui que la ferme attenante qui vaut bien la balade : 25 minutes à pied depuis le centre de wimereux ou 10 minutes à vélo avec piste cyclable.
Pour certains historiens "Honvault" viendrait du nom d’un seigneur local « Huon » qui aurait habité une petite vallée « vau » ("vallis" en latin, "val" en français).
Pour d'autres, Il semble plutôt que le nom de Honvault soit d’origine germano/saxonne, comme la plupart des noms du boulonnais.
D’après une importante étude publiée dans la Nouvelle revue d’Onomastique, l’étymologie d’Honvault est « Henfeld », Hen pour poule et Feld pour champ « Hen-feld », littéralement champ de poules.
Honvault ferait référence à la présence de poules et peut-être d’une ferme élevant des gallinacés.
Source : Nouvelle revue d’Onomastique n°54 – 2012 Toponymes germaniques dans l’ancien comté de Boulogne sur mer, p. 31
Illustration : BNF
La première construction (13e siècle) fait partie d'un des nombreux ouvrages défensifs voulus par Philippe Hurepel de Clermont, comte de Clermont, de Boulogne, d'Aumale et de Dammartin.
Il semble cependant qu’il y ait déjà eu une construction à cet endroit dès le XIIe siècle. En effet, Camille Enlart, historien connu notamment pour ses recherches sur la période médiévale dans le boulonnais, a identifié au rez-de-chaussée du château de Honvault, bâti plus tard, les traces d’un donjon du XIIe siècle, attestant la présence d’une construction à Honvault dès cette époque.
Le logis, avec sa tour ronde, a été construit en plusieurs étapes, du 13e au 16e siècle. Le château était carré, tout en grès, pignon nord-est à 11 machicoulis, sous un chemin de ronde à parapet plein, sans créneaux. La longue façade nord-ouest présente les mêmes dispositions. A l’autre angle de la même façade tour ronde à toit conique en grès.
Illustration : Philippe de Hurepel - Vitraux de la cathédrale de Chartres.
Au milieu du 13ème siècle, bien qu’appartenant à la France à cette époque, l’emprise de la Flandre se fait sentir à Honvault comme en atteste la présence du Lion sur le blason de Armand de Honvault, sénéchal du Boulonnais. Il est alors le premier à faire passer le nom de Honvault à la postérité, en étant cité dans une enquête datée de 1285, ordonnée par le comte d'Artois.
Il est officier au service d'un roi, prince ou seigneur temporel. Ce titre honorifique est héréditaire par la suite. Il existait plusieurs rangs de sénéchaux, sans lien juridique entre eux, dans les institutions féodales européennes d'origine médiévale.
Guy de Honvault est écuyer sous Jean 2 le bon jusque 1380. Il reçoit une éducation militaire destinée à en faire un chevalier.
En 1392 lui succédera Guillaume de Honvault, en 1477 Ancelot de Honvault, puis en 1509 Gilles de Honvault
Antoine de Honvault vend le fief de Honvault le 3 juin 1524 à Jehan I de Frohart, conseillé et avocat du Roi.
Illustration : Restitution du blason des Honvault
Jehan de Frohard naquit en Angleterre. Très jeune, il vient habiter en France avec son frère Edouard.
Comme il possédait à cette époque une fortune considérable, il s'établit définitivement en Picardie où il acheta le château de Honvault. Dans l'acte d'acquisition il est dit "très noble homme".
En 1549 la sénéchaussée de Boulogne était présidée par Jehan de Frohard, conseiller du roi et son lieutenant en la Sénéchaussée de Boulogne.
Il fut licencié en droit de l'université d'Orleans.
Il vit, dit on, en 1544 son château servir de quartier général à Henry VIII assiégeant Boulogne
Jehan de Frohard mourut en décembre 1553.
En 1534, Henri VIII invente le divorce et s’opposant au pape, il crée l’église Anglicane. La controverse juridique et théologique relative à la validité de son premier mariage avec Catherine d'Aragon et à sa reconnaissance de nullité fut l'une des principales causes du schisme de l'Église d'Angleterre avec Rome et de la Réforme Anglaise.
Henri VIII supervise cette séparation avec notamment la dissolution des monastères et est pour cela excommunié.
Les Anglais souhaitaient vivement s’emparer de Boulogne et déjà par trois fois ils avaient essayé.
En 1544, alors qu’il vient de faire exécuter sa 5ème épouse, Henri VIII entreprend de commencer le siège de Boulogne-sur-mer.
Le 18 juillet 1544, l’armée Anglaise arrive de Calais.
Elle passe par Honvault et encercle Boulogne en se positionnant sur toutes les hauteurs dominant la ville : Tour d’Odre, Beaurepaire, Makestrat, Wicardenne, Boulemberg, Waroquerie, Ostrohove.
L’armée d’Henri VIII compte 47 000 hommes, alors que la garnison de Boulogne n’était que de 1000 soldats.
Cet épisode de l’histoire est présenté dans l’épisode 7 de la saison 4 de la série « Les Tudors ». Voir le lien ci-dessous.
Le 26 juillet, Henri VIII rejoignit ses troupes. Charles Brandon, 1er Duc de Suffolk, le conduisit au nord de la cité, au bord de la mer. Il est supposé que sa résidence fut le château de Honvault mais elle est parfois placée à Terlincthun à 600 m de là.
Le siège dura 58 jours et les canons visaient tout particulièrement l’église Notre-Dame, symbole de cette guerre de religion.
Le mardi 15 Aout 1544, le jour de l’assomption, la canonnade s’intensifie et renverse le clocher sur la voute. La ville capitule le 14 septembre 1544.
Illustration : Gravure de James Basire réalisée en 1788 d'après le dessin original de Samuel Hieronymus Grimm.
Collection privée.
En bas à droite de l'image on peut voir la "Tour d'Odre" dite tour Caligula, phare construit par les légions romaines en 39 AD
En 1546, le traité d'Ardres qui aurait dû rendre la ville à la France, n'est respecté ni d'un côté ni de l'autre.
Le roi Henri II de France fit construire à Outreau (Outre l’eau, c’est à dire de l’autre côté de la Liane) le château de Montplaisir qui servit de base à plusieurs tentatives françaises de reprise de la ville, aussi bien par voie diplomatique que par voie militaire.
Le 25 avril 1550, jour de la Saint-Marc, le roi Henri II fait enfin son entrée solennelle dans la cité de Boulogne-sur-Mer rachetée aux Anglais, après six ans d’occupation, par le traité de Capecure.
Le jour de la Saint Marc sera fêté chaque année jusqu’au XIXème siècle.
La statue de Notre-Dame (La vierge Nautonière) resta encore quelques années à Londres et il faudra l’intervention d’Henri III pour qu’elle soit finalement restituée.
Illustration : buste de Henri II, sculpté par Pierre-Jean David d’Angers (1788-1856) . Ce buste est situé au pieds des remparts de Boulogne face au N°2 Bd du Prince Albert
La présence des réformés est attestée en Boulonnais dès le milieu du xv° siècle et l'existence d'une Eglise organisée semble remonter au début des années 1560.
La Réforme est donc ici un phénomène ancien et elle survivra jusqu'à la révocation de l'édit de Nantes (1685).
En 1563, le gouverneur de la ville, Louis Lannoy de Morvilliers, un Huguenot, édicta une ordonnance interdisant aux adeptes des deux religions de « disputer » en public sur « le faict de religion » et de « meffaire et mesdire » contre ceux de l’autre religion.
En Mars 1567, le climat se tendit lorsque le pape Pie V érigea le diocèse de Boulogne.
Des bandes armées huguenotes multiplièrent les violences et les destructions à la fin de l’année 1567 et au début de 1568 à Boulogne-sur-Mer.
En plein conflit de religion entre Catholiques et protestants, le 12 octobre 1567, la statue de la vierge miraculeuse est dérobée et amenée à Wimille par Bertrand Bryard. Craignant des représailles il l’emmène au château de Honvault chez le Huguenot Jean de Frohard.
A propos de la vierge Nautonière :
La légende décrit un débarquement miraculeux d'une Vierge à l’enfant debout dans une barque, survenu à Boulogne-sur-Mer, en l’an 633 ou 636, sous le règne du bon roi Dagobert, l'année même de la prise de Jérusalem.
La vierge Nautonière ou vierge miraculeuse de Boulogne était une vierge noire (Probablement en raison de la couleur du bois utilisé : Ébène, Cèdre).
Elle mesurait 3 pieds et demi de haut (environ 1m20), exécutée en bois imputrescible, elle tenait l’enfant Jésus dans son bras gauche.
Illustrations :
Reliquaire de la main de la vierge - Notre Dame de Boulogne
Restitution de la vierge noire en 1803 par le sculpteur Audomarois Gras - Crypte de Notre Dame de Boulogne
La statue miraculeuse est d’abord cachée dans le fumier de la bassecour du château ou elle reste 3 ans. Elle est ensuite jetée dans le puit.
( Il y a aujourd'hui trois puits visibles à Honvault ;
- Celui de la cour de la ferme.
- Celui du jardin, couvert par sécurité d'un plancher de protection. Il fut ré-aménagé durant la seconde guerre mondiale et communiquerait avec un réseau de galeries jusqu'à la falaise.
- Celui au sous-sol de la maison, qui est probablement celui ou la Vierge Nautonière fut cachée après les évènements de 1567).
Quelques années plus tard, l’épouse de Jean de Frohard, la fervente catholique Madeleine Rouget de Marsilly, apprend que la statue est dans le puit. Elle la fait retirer pour la placer dans la pièce la plus haute du château. Elle venait souvent y prier avec ses enfants.
En 1600, la Dame de Honvault décède. Agé de 75 ans, Jean de Frohard confie à l’un de ses proches, Vespasien de Fontaine, que la statue miraculeuse est cachée à Honvault.
En 1607, informé par Vespasien de Fontaine, Antoine Gillot, ecclésiastique de Boulogne chargea la sainte image sur ses épaules et pris le chemin de Boulogne par ce qu’on appelle depuis « le chemin de la vierge ». Ce chemin existe toujours. Il se poursuit par les rues Condorcet, et rue de la colonne et va jusqu’au « dernier sous ».
Restaurée en 1630, la statue miraculeuse disparaît en décembre 1793 jetée au feu par les Révolutionnaires. « Un officier avait tranché d'un coup de sabre une main de la statue ; cette main est encore offerte à la piété des fidèles » dans le reliquaire de la main de la vierge à Notre Dame de Boulogne.
Catherine de Frohart hérite de Honvault. Elle a épousé le 2 décembre 1582 Mathieu du Crocq, écuyer.
Son fils, Guillaume du Crocq est seigneur de Honvault en 1620.
Il épouse en octobre 1627 Marie de Tutelle, fille de Jean de Tutelle, écuyer, maître d’hôtel de la reine Marguerite de Valois, surnommée la reine Margot.
De ce mariage nait un fils, Philippe du Crocq, qui vend le domaine le 14 novembre 1685 à Claude Ambroise de Roussel.
Claude de Roussel lègue Honvault par testament à son neveu Claude Ambroise François Achille de Roussel (branche de Germont) à sa mort en le 12 juin 1687.
Claude Ambroise François Achille de Roussel (branche de Germont), devient seigneur de Honvault. Il est le 2e des 7 enfants de François Ambroise de Roussel, seigneur du Germont marié le 24 juillet 1688, à Jacqueline Françoise de Lastre, dame de Belle, Pernes. C’est elle qui apporte le domaine de Pernes à son mari et, partant, à la Branche de Roussel de Pernes.
Claude Ambroise François Achille de Roussel, épouse le 2 septembre 1726 Marie de Patras. Il est colonel d'infanterie en 1774 et Chevalier de l'ordre royal et militaire de St Louis.
Il fait adjoindre au château un second corps de logis, ainsi qu’une chapelle qu’il met sous la protection de N.D. de Boulogne. En 1732 a lieu la bénédiction de la chapelle.
Louise-Catherine-Victoire de Roussel hérite de Honvault, née le 28 août 1773, est religieuse au couvent des Ursulines à Boulogne sous le nom de sœur sainte Basile.
En 1796, elle est emprisonnée à Arras par la Terreur. Elle meurt à Honvault en 1797.
Julie de Fresnoye de Moyecque hérite de Honvault par tirage au sort entre les héritiers. Elle épouse en 1765, à Calais, Darby Demetry (Démétrie) O’Mahony, fils de Daniel O’Mahony et Marie Mac Carty Reagh.
Illustration : Blason Roussel de Germont : D'argent, au lion de sable, armé et lampassé de gueules, et couronné d'or; accolé: d'argent, au lion de sable, armé et lampassé de gueules
Le duc Emmanuel de Croÿ, maréchal de France, fit de nombreux séjours à Honvault entre 1758 et 1762.
Dans ses mémoires le duc de Croÿ appelle Antoine de Roussel « Monsieur de Pernes », nom d’une de ses seigneuries.
"En 1757 on lui confia, sous le haut commandement du Maréchal de Belle-Isle, la mission de mettre en état de défense toutes les côtes de la Picardie, du Boulonnais et du Calaisis. A cette œuvre il se consacra tout entier, n’épargnant ni son argent, ni sa santé. Grâce à lui notre littoral fut rapidement doté de batteries nombreuses, de fortins et de postes de garde. Parmi ces travaux de fortifications le plus important ,sans contredit, fut la tour bâtie dans la baie du Wimereux ."
Le toisé des travaux du fort de Croÿ fut fait et signé au château de Honvault le 30 juillet 1759 par le chevalier de Beauvilliers, ingénieur du Roi."
Illustration : Emmanuel de Croÿ-Solre, duc de Croÿ, maréchal de France (1718-1784) par Théophile Vauchelet. Collection du Château de Versailles. Nº d'inventaire : MV 1150
"L’emplacement choisi était le plateau de Tourne, banc de rochers situé au nord de la pointe de la Crèche et seulement à découvert à marée basse. Il est probable que l’on commença la construction aussitôt le devis dressé, car en août 1757 les travaux étaient déjà fort avancés. Malheureusement dans le courant de ce mois-là, les flots, avec lesquels il fallait quotidiennement combattre, détruisirent une partie de l’ouvrage. Le prince de Croy vint lui-même sur les lieux pour se rendre compte des dégâts. Une lettre datée du 27 août et signée de M du Chastelet subdélégué de l’lntendant, relate sa visite à Boulogne : «… M. le prince de Croy vous aura sans doute fait part, Monsieur, des débris que les coups de mer ont fait à la tour qu’on bâtit à Wimereux ; il est arrivé ici hier soir, et il n’y avoit pas un seul morceau de poisson de mer, mais ,j’ai esté assez heureux pour trouver assez de poisson d’eau douce pour y suppléer.Il s’est enfermé avec Mr de Varignon, les ingénieur et l’entrepreneur de la tour pour en conférer. Je n’ay pas esté admis à cette conférence, mais je pense que c’est une entreprise abandonnée pour cette année, et qu’au printemps prochain cette tour qui a esté eslevée jusqu’à dix-huit pieds de hauteur ne sera plus qu’un monceau de pierres ».
Ce en quoi M. du Chastelet se trompait beaucoup, car, dans cette lutte avec la mer, le maréchal de Croy n’était pas homme à abandonner la partie à la première difficulté. Les travaux furent repris et continués pendant l’hiver 1757-58. Au printemps suivant la construction était terminée, et le 22 juillet 1758 la milice garde-côte prenait possession de la tour. Bien que déjà habitable celle-ci n’était pas encore entièrement achevée. Elle ne le fut que l’année suivante."
Auteur Pierre André Wimet - 1938 - Source Histopale.
Daniel O’Mahony était un noble irlandais devenu si riche et puissant que l’historien anglais Froude parle de lui en ces termes : « Daniel O’Mahony, le grand et terrible papiste qui gouvernait le Kerry, Comté de 4.700 km2 au nord de l’Irlande, avec ses 4 000 disciples. Le vice-roi anglais régnait dans son château de Dublin, mais Daniel O’Mahony était souverain en Kerry. »
Darby Demetry O’Mahony nait en 1718 au château de Dunloe (Irlande) Il vient en France probablement en 1738 et entre dans le régiment irlandais de Bulkeley.
Ce régiment regroupe les opposants irlandais à l’Angleterre qui se mettent au service du roi de France. Navigant sur le Louis XV, avec son régiment pour assister les écossais contre les anglais, il est capturé et emprisonné par les britanniques.
Chevalier de St Louis, capitaine d’infanterie en 1787, lieutenant-colonel au régiment de Dillon, il prend sa retraite à Calais en 1781 et s'installe à Boulogne en 1783. Il est arrêté en 1793 sous la Terreur et incarcéré à Arras. Il meurt le 16 mars 1795 (25 ventôse an 3).
Bien que Julie de Fresnoye soit veuve lorsqu’elle hérite du château, Honvault passe, grâce à elle, dans le patrimoine des O’Mahoni. Elle meurt en 1825.
Jean-François O’Mahoni, leur fils unique est né à Calais le 7 octobre 1772. Inspecteur général de l’infanterie, commandeur de la Légion d’honneur en 1828, maréchal des camps et armées du Roi à Boulogne, il hérite de Honvault à la mort de sa mère en 1825. Il épouse à Paris, le 12 juin 1815, Anne Eugénie Clémentine de Power née à Paris le 28 avril 1790, fille du comte Jean de Power et de Marie Henriette Brancour. Elle meurt le 20 mars 1867.
Photo : Anne Eugénie Clémentine de Power - Comtesse O'Mahony
Ernest O’Mahoni, le fils de Jean-François relate l’épisode suivant : Jean-François vit souvent l'empereur Napoléon à Boulogne et "il lui arriva même un jour qu'il était à causer sur la jetée en pierre de marcher en se reculant sur le pied de Bonaparte qui était tout à fait contre lui".
En effet, Napoléon Bonaparte séjourne à Honvault en 1803-1805. Il y établit des camps militaires et renforce le Fort de Croÿ. Il y entraîne la Grande Armée prête à envahir l’Angleterre. Il fera creuser un port à Wimereux.
Ernest O’Mahoni, hérite du château à la mort de son père, le 8 juin 1842, à Boulogne. Il le vend à Jean-Baptiste Théodore Roberval né à Audresselles en 1797 et décédé à Boulogne en 1867 qui est propriétaire de l’hôtel de Londres à Boulogne en 1839.
Le camp de Boulogne réunit environ 60 000 soldats en 1805, il se divisait en deux grands camps :
- l'un se trouvait sur la rive gauche de la Liane, près d'Outreau,
- l'autre se trouvait dans le secteur de Honvault, du vallon de Terlincthun et du plateau de la tour d’Ordre, au sommet de la falaise près de la poudrière encore visible à ce jour.
Le château de Honvault était occupé par le 10ème régiment d’infanterie légère
Au sommet de la falaise se trouvaient les baraques de commandement, dont celle de Napoléon, mais le quartier général était situé au château de Pont-de-Briques.
Pour la partie maritime de l'invasion, un plan de débarquement avait été mûri par Latouche-Tréville puis Saint-Haouen.
Le camp de Boulogne fut levé au mois d'août 1805 et l'armée dirigée vers l'Allemagne du Sud afin de battre les troupes de la Troisième coalition.
Illustration : Extrait du "Plan de la ville du port et des camps de Boulogne"
Dessiné et Gravé par Ambroise Tardieu
Bibliothèque de Boulogne/mer.
En mai 1854, peu après le déclenchement de la guerre de Crimée, Napoléon III décide de réunir deux grands camps pour entrainer son armée, un dans le sud de la France et un autre dans le nord.
La proximité de l’Angleterre, devenue une alliée, permet aussi d’envisager une coopération militaire avec elle.
A partir de l’été 1854 plus de 35000 hommes séjournent dans les camps d’Equihen, Honvault, Wimereux et Ambleteuse. Les soldats apportent leur concours pour les travaux des champs, l’aménagement des routes et les secours aux naufragés.
Le 18 août 1855 , la reine Victoria débarque à Boulogne où elle est accueillie par l’empereur Napoléon III. Avant de se rendre à Paris pour l’exposition universelle, ils visitent ensemble le camp de Honvault, le 25 août 1855.
Julie-Françoise-Clémentine O’Mahoni (1819-1880) sœur d’Ernest O’Mahoni et épouse de Gontran Bourdon hérite de Honvault en 1868, à la mort de son frère. Elle a une fille Marie Juvénal Gontran Bourdon née en 1842
Honvault est vendu par Marie Juvénal Gontran Bourdon à Hercule Auguste Adam, le 7 mai 1869 pour un montant de 260.000 francs.
Séjourne à Honvault la 1ère division d’infanterie dirigée par le Général Renault, composée de la 1ère brigade dirigée par le Général de Linière avec les régiments 8e chasseurs à pieds, 15e léger et 23e de ligne, et de la 2ème brigade dirigée par le Général Chapuis avec les régiments 42e et 56e de ligne ainsi que la 2ème compagnie du 1er bataillon du génie.
Le 4 mars 1856, l’Empereur Napoléon III se rend à Honvault en provenance de Boulogne et passe les troupes en revue.
Le château de Honvault et le fort de Croÿ sont visibles à l'arrière plan de certaines photos.
Photos retouchées et colorisées d'après les originaux de la Royal Collection Trust. Photographe : Charles Thurston Thompson. Sujet : Barracks, Boulogne c. 1857
Hercule Auguste Adam devient propriétaire de Honvault en 1869.
Il nait le 6 novembre 1794, le 16 brumaire de l’an III, et il épouse, le 6 septembre 1823, Rose de Wissocq née le 3 septembre 1802, le 16 fructidor de l’an X, et décédée le 16 avril 1885, fille de François Xavier, président du Tribunal de première instance de Boulogne, et de Jeanne Rose Lattaignant.
Il est le 3e des 5 enfants de Jean Alexandre Joseph Adam, marié en 1789 à Augustine Louise Yvart née le 23 août 1762, directeur de la banque Adam et maire de Condette.
Fondée à Boulogne-sur-Mer en 1766, la Banque Adam est d’abord une maison de commerce et d’armement, qui étend rapidement ses activités aux opérations bancaires.
C’est lorsque l'armée impériale de Napoléon I, la Grande Armée, s’installe sur les côtes de la mer du Nord, que la Banque Adam voit ses opérations prendre beaucoup d’ampleur.
Elle devient l’intermédiaire privilégié des banquiers parisiens qui financent ces opérations et assure la fortune de ses fondateurs.
A sa mort le 4 février 1882, sa veuve, Rose de Wissocq, renonce à la communauté de biens et chacun de ses 4 enfants survivants (Rose, Célie, Élise et Hyppolite) et les deux filles du cadet (Émile) décédé reçoivent 1/5e de la succession.
Par tirage au sort, Honvault échoit à Élise Adam
Élise Adam hérite de Honvault en 1882.
Elle est née le 22 mai 1832 et décédée le 4 avril 1912.
Elle épouse le 26 avril 1854 Émile Victor Auguste Carmier.
Il est né le 10 octobre 1822 à Boulogne où il meurt le 4 février 1912.
Il est le fils de Louis Carmier (1794-1854), avocat, juge suppléant à Boulogne et de Amélia Fontaine (1799-1876).
Il est négociant et banquier.
De ce mariage naissent Marie-Élise Carmier née en 1855, et Célie Carmier en 1856.
Célie Carmier hérite du château et des 74 hectares qui l’entourent en 1912.
Elle épouse le 16 juillet 1877 Paul Charles Hector Moleux. Il est banquier à Boulogne-sur-Mer, Administrateur de la Banque ADAM, président de la Société Humaine et des Naufrages (Activités reprises par la SNSM- Société Nationale de Sauvetage en Mer), président du tribunal de commerce de Boulogne-sur-Mer.
Célie Carmier à 3 enfants, Pierre-André (1879-1915), Hubert (1882-1889) et Philippe (1888-1924), tous morts avant elle. Par conséquent, en 1936 elle lègue Honvault à l’ainé de son fils ainé mort pour la France, son petit-fils Bernard Moleux.
Elle décède en 1940 au château d’Hermerangues - Pont de Briques.
Le charme romantique de Honvault représenté dans les aquarelles et dessins de Victor-Jules Vaillant vers 1870.
Victor-Jules Vaillant est un peintre et un historien né à Calais en 1824.
Après des études à Amiens et Paris, il s’embarque pour l’Angleterre vers 1845 où il exerce pendant 25 ans la fonction de professeur de français. Ses talents de dessinateur sont les mieux connus. Il est rentré en France en 1867.
La Bibliothèque Municipale de Boulogne contient plusieurs centaines de ses dessins constitués de vues du Boulonnais, de ses manoirs, et de souvenirs archéologiques.
Il a été membre de la Commission des Antiquités du département du Pas-de-Calais et correspondant du Ministère de l'instruction publique et des beaux-arts.
Source : Bibliothèque des Annonciades, Boulogne sur mer.
Lionel Percy Smythe est le fils illégitime de Percy Clinton Sydney Smythe, 6e vicomte Strangford et Katherine Benham. Il naît à Londres en 1839 et passe ses premières années en France, où sont nés sa sœur cadette et son frère.
La famille retourne à Londres en 1843 et vit à Gloucester Crescent, Camden. Smythe fait ses études à la King's College School. Il étudie aussi en France et passe des vacances à Wimereux sur la Côte d'Opale avec son beau-père William Morrison Wyllie et sa famille.
Il suit une formation artistique à la Heatherley School of Fine Art. Il est le demi-frère des artistes William Lionel Wyllie et Charles William Wyllie.
Smythe expose à la Royal Academy à partir de 1863 et au Royal Institute of Painters in Water Colours à partir de 1881.
Il devient membre de la Royal Watercolour Society en 1894.
Smythe peint des paysages ruraux, des scènes de genre et maritimes, des personnages et des animaux. Avec sa femme Alice, ils font de fréquents voyages en France et s'installent à Wimereux en 1879, dans une ancienne forteresse napoléonienne, jusqu'à ce que le bâtiment soit inondé par la mer.
Ils s'installent en 1882 au Château d'Honvault qu'ils louent. Le couple a trois enfants, dont Minnie Smythe, qui deviendra artiste peintre. Smythe vit et travaille à cet endroit jusqu'à sa mort en 1918.
Wikipedia
Illustration : Photographie et tableaux de Lionel Percy-Smythe représentant des scènes au château de Honvault.
En 1933 Célie Carmier entreprend la rénovation du château. Elle la confie à l’architecte Pierre Drobecq, avec la collaboration de l’architecte Louis Debrouwer, de la décoratrice Jeanne Thill, et du peintre Félix Del Marle.
Pierre Drobecq et Louis Debrouwer sont les architectes de l'Hôtel des Anglais, du Royal Picardy, deux hôtels de luxe construit au Touquet, puis de l'hôtel de ville du Touquet-Paris-Plage.
Après des études classiques et une formation artistique à l’académie des Beaux-Arts de Valenciennes et à l’école des Beaux-Arts de Lille, Del Marle s'installe à Paris en 1912, où il rencontre Apollinaire et Severini, avec lesquels il partage son atelier de la rue Dutot.
Il adhère à la doctrine du néoplasticisme de Mondrian qui exercera sur lui une influence durable, et dont il défend ardemment les principes
Del Marle se rend en Allemagne, visite le Bauhaus à Dessau, et à Stuttgart, la cité du Weissenhof. Traversant une période de doute et de remise en question, il se convertit au catholicisme et, de manière inattendue, il revient à la peinture figurative au début des années 1930.